Comme dans toute la Caraïbe, l’histoire de la musique en Haïti débute avec les tambours : d’abord le mayohuacan du peuple amérindien qui occupait l’île à l’arrivée des espagnols, puis ceux qui accompagnaient les rites vaudou des esclaves emmenés d’Afrique. Plus tard les esclaves apprennent à utiliser les instruments et à jouer la musique venue d’Europe pour divertir leur maître.
En janvier 1804, c’est au son de la fanfare qu’Haïti proclame son indépendance, gagnée grâce à une résistance militaire au colonialisme. Fanfare militaire, fanfare d’école, chefs d’orchestres, musique classique, écoles de musique… : le 19ème siècle est marqué par le règne de la musique savante en Haïti.
En 1885, le musicien Occide Jeanty obtient le poste de directeur de la musique du palais. Il compose des marches militaires pour le président mais travaille également sur les musiques de bal. Ce dernier a en effet une grande importance en Haïti, et l’on y danse la valse, la polka ou la mazurka. Des musiciens comme Occide Jeanty ou Michel Mauléart Monton (compositeur de la célèbre « choucoune », d’après le poème d’Oswald Durand), sont à l’origine de la naissance de la merengue à la fin du 19ème siècle, qui devient la musique populaire d’Haïti.
L’occupation des américains de 1915 à 1934, voit la fin des fanfares militaires, et le début de l’ascension des classes moyennes noires opposées aux mulâtres qui représentent l’élite haïtienne. L’héritage africain ressurgit dans la culture musicale avec la musique et les danses vaudou, qui inspireront notamment la musique carnavalesque (rara) et la musique messagère, véritables « véhiculeurs » des revendications du peuple haïtien.
La merengue gagne en popularité et évolue en prenant de nouveaux rythmes à la fin des années 50 : c’est la naissance du konpa Direk, révélé par le chef d’orchestre Jean-Baptiste Nemours. Parallèlement un autre genre musical apparaît, créé par le saxophoniste Webert Sicot : la kadens rampa.
Le konpa connaîtra un immense succès dans toute la Caraïbe. Ce sont les groupes de talent qui se sont formés avant les années 80 qui ont permis cette formidable ascension. Parmi eux on trouve Bossa Combo, Coupé Cloué, Frères Dejean, Septentrional, Skah Shah, System Band Tropicana, Tabou Combo…
Avec la concurrence du zouk dans les années 80, le konpa n’a plus connu le même succès.
Après la chute des Duvalier en 1986, un nouveau genre musical est né, revendiquant un aspect moins commercial que le konpa : la musique racine (mizik rasin). S’inspirant des musiques vaudou et rara avec une touche de rock, elle est apparue avec le groupe Boukman Ekspéryans.
Aujourd’hui, le konpa revient en force avec des « anciens » comme Tabou Combo ou Skah Shah, qui ont été rejoints par la nouvelle génération d’artistes parmi lesquels Carimi, K-Dans, Original H, Nu look, T-Vice, Zenglen…