La kalenda est une danse de couple importée de Guinée par les esclaves. On la retrouve dans toute la Caraïbe sous différents noms. Considérée comme lascive et obscène par les européens, elle fût interdite dans certaines îles au 17ème siècle. Mais les espagnols l’ont introduite dans leur culture, et la danse traditionnelle espagnole appelée fandango en serait issue.
La kalenda a été intégrée dans la culture musicale de la Martinique puisqu’elle fait aujourd’hui encore partie du répertoire bèlè.
Au 19ème siècle, les musiciens noirs ont associé les rythmes du bèlè et la danse kalenda à la polka européenne pour donner la biguine.
Elle est apparue sous trois formes : la biguine de rue qui accompagne les « vidés » pendant le carnaval, la biguine de salon jouée au violon et au piano, et la biguine de bal.
La biguine est apparue à la fin du 19ème siècle dans la ville de Saint-Pierre où régnait alors une vie culturelle intense. La clarinette, le banjo et le violoncelle en sont alors les instruments par excellence. La biguine anime les bals, mais aussi les somptueux carnavals de Saint-Pierre. En 1889, un métropolitain se trouvant à Saint-Pierre pendant le carnaval en fait le récit à un ami dans la revue littéraire parisienne La Plume. On peut lire dans un passage : « Toute cette mascarade (note : troupe de gens déguisés et masqués), composée de près de deux milles individus, danse et chante, avec ivresse et folie, entraînée par les accords d’un orchestre endiablé, composé de pistons, trombones, clarinettes et tambours de basque, jouant des airs créoles. Et quelle délicieuse musique que celle sur laquelle sont rythmées ces chansons créoles, ces biguines, comme on les appelle ».
Après la catastrophe de la Montagne Pelée en 1902, la ville de Saint-Pierre connaît plusieurs années de deuil.
Léon Apanon dit Ti Laza, clarinettiste martiniquais qui était absent de Saint-Pierre au moment de la catastrophe, fait renaître le carnaval à Fort-de-France en 1906.
A la fin de la première guerre mondiale, des musiciens antillais s’installent à Paris. Ils jouent dans les dancing où ils côtoient des musiciens américains. La biguine prend alors un rythme nouveau inspiré du jazz.
Lors de l’exposition coloniale à Paris en 1931, des artistes comme Alexandre Stellio ou Sam Castendet font exploser le succès de la biguine.
Al Lirvat, compositeur instrumentiste guadeloupéen, n’a cessé d’inventer de nouveaux rythmes en s’inspirant de la biguine. Ainsi elle devient la biguine wabap dans les années 50, le kalengué dans les années 60 et la biguine-ka, mélange de biguine et de mazurka dans les années 70.
La biguine sera concurrencée par le kompa haïtien puis par le zouk dans les années 80.
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