Le mot criollo est apparu dès le 15ème siècle chez les ibériques qui l’employaient au sujet des enfants des colons nés dans les colonies du nouveau monde.
Le terme créole désigne avant tout les personnes qui sont nées dans les colonies et qui y ont grandi. Elles peuvent être de père et de mère colons (donc blancs), mais aussi de père colon et de mère amérindienne ou africaine (donc métis).
Mais très vite ce terme s’étend aux objets, aux animaux, à la cuisine, bref à tout ce qui découle de ce que l’on appelle un processus de créolisation.
Les langues créoles sont également nées de ce processus de créolisation : elles se sont formées sur place (dans la première moitié du 17ème siècle) à partir de plusieurs autres langues venues de l’extérieur (les langues amérindiennes sont peu présentes dans les langues créoles).
Selon les provenances des colons, on trouve des créoles de différentes bases lexicales.
Les créoles jamaïcains ont une base lexicale anglaise.
Les îles d’Aruba, Bonaire et Curaçao ont une forme de créole nommée papiamento, mélange de portugais, d’espagnol, de hollandais et de langues africaines.
Le créole haïtien, reconnu comme langue officielle en 1987, a une base lexicale française. De même que les créoles de Guadeloupe, Martinique, des îles anglophones (Grenade, Trinidad, Saint-Vincent, la Dominique, Sainte-Lucie) qui ont été occupées par des colons français, d’ Amérique du Nord (Louisiane), d’ Amérique du Sud (Guyane) et de l’Océan Indien (Réunion, Île Maurice, Seychelles).
A partir du 18ème siècle, la langue créole a été snobée par les békés, puis par les mulâtres qui allaient jusqu’à la renier dans leur désir de s’identifier aux blancs. Jusqu’à récemment, le créole était considéré par certains comme un dialecte susceptible de perturber l’apprentissage du français.
Même si des textes en créole ont été écrits dès le milieu du 18ème siècle, ils sont restés marginaux et n’ont pas trouvé de place dans la littérature francophone.
La reconnaissance du créole en tant que langue, et l’apparition du créole dans l’enseignement, a été l’aboutissement du travail acharné de chercheurs, hommes de lettres, journalistes…. pendant plusieurs dizaines d’années :
Dans les années 30, des hommes de lettres antillais ont commencé à travailler sur le créole. Les Fables de la Fontaines sont traduites en créole en 1931.
Dans les années 40, un groupe d’intellectuels guadeloupéens créent l’ACRA (Académie Créole des Antilles), qui s’efforce de promouvoir le créole en faisant publier des recueils de contes, de proverbes,…
En 1954 a lieu une conférence sur le campus de Mona en Jamaïque (University of the West Indies). Le créole y est mis en avant en tant que langue et non en tant que patois.
En 1970, le Centre Universitaire des Antilles et de la Guyane (CUAG) est créé. Son premier Président, Jacques ADELAIDE-MERLANDE, est élu en 1972.
En 1975 le linguiste Jean BERNABE, professeur au CUAG, fonde le GEREC-F (Groupe d’Etudes et de Recherches en Espace Créolophone et Francophone) qui se consacre à l’étude et à l’apprentissage des créoles francophones et au développement du créole écrit.
En 1976, un colloque international se tient au Centre Universitaire Méditerranéen de Nice. On y aborde la question de l’enseignement du créole. Il en résulte la formation du Comité International des Etudes Créoles (CIEC).
En 1981, lors de la troisième conférence internationale des études créoles qui se déroule à Sainte-Lucie, les chercheurs créolophones se regroupent sous le nom de BANNZIL KREYOL.
En 1982 est créée l’Université des Antilles et de la Guyane, qui est aujourd’hui implanté en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique.
En 1983, la quatrième conférence à lieu en Louisiane. Les membres de BANNZIL KREYOL décident d’une journée internationale du créole : la date retenue est le 28 octobre.
1985 : création du DULCC : Diplôme Universitaire en Langue et Culture Créole.
1989 : publication de « Eloge de la Créolité », de Jean BERNABE (GEREC-F), Raphaël CONFIANT (GEREC-F), et Patrick CHAMOISEAU.
2000 : création du Diplôme Universitaire d’études créoles.
2002 : création du CAPES de Créole.
Sites web
Montray Kréyol : avec notamment des infos et des ressources pour la préparation des concours et examens.
Potomitan, site de promotion des cultures et des langues créoles.
Kapes Kréyol, sous-domaine de Potomitan, site d’information du CAPES de créole.
Creolica, revue du Groupe Européen de Recherches en Langues Créoles (la revue ne paraît plus depuis 2013 mais le site internet constitue une bonne source d’infos).
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